Vendredi 31 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

M. Jeanneney, président de l'Assemblée Nationale, a convoqué la Chambre et le Sénat à Versailles, le 5 avril afin d'élire un nouveau Président de la République. Mais il est possible qu'à la suite d'une démarche faite précisement hier, par M. Jeanneney lui-même, au nom des membres de la Gauche Démocratique du Sénat et de M. Herriot, M. Albert Lebrun accepte le renouvellement de son mandat. M. Albert Lebrun succèdera-t-il à M. Albert Lebrun? Il n'a pas encore accepté.

La Chambre aborde la discussion du projet de statut du métayage et envoie au Peuple Tchèque une adresse de sympathie. Le Senat vote le projet de loi concernant la répression des outrages aux bonnes moeurs.

Au procès Weidmann, on a entendu, hier, les plaidoiries des deux défenseurs de Million: Me Alexandre Zévaès et Me André Géraud.

La Tour Eiffel a 50 ans!

Mode: Mme Treilhard porte cette petite cloche de picot noir garnie d'une couronne de camélias blancs, roses et rouges.

Jeudi 30 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

M. Daladier a parlé! Calme, digne, en termes mesurés, le Président du Conseil a proclamé, une fois de plus, la volonté de paix traditionnelle de la France - mais la paix dans l'honneur et dans la dignité. Le Conseil de Cabinet a approuvé le discours de M. Daladier.

L'Espagne gouvernementale finit de s'effondrer. Les Nationaux sont entrés à Valence et à Guadalajara. Carthagène a donné son adhésion au gouvernement Franco. Alicante s'est soumise. Murcie et Albacète sont à la veille de tomber à leur tour.

M. Chamberlain annonce aux Communes qu'il allait porter à 340.000 hommes l'effectif de l'Armée Territoriale.

Tout à tour emphatique et émouvant, magnifique et plus sûr de lui que jamais, Me de Moro-Giafferi se dresse entre Weidmann et l'échafaud! A son avis, le Jury ne peut pas - il n'en a pas le droit - prononcer une peine capitale. Weidmann n'est pas fou mais il a des "anomalies".

La police met la main sur une redoutable bande de cambrioleurs qui "travaillaient" le samedi et le dimanche chez les personnes parties en week-end.

Mercredi 29 mars 1939

Madrid a capitulé

Le Petit Courrier écrit:

Madrid a capitulé - Les troupes nationalistes sont entrées dans la capitale au milieu des acclamations d'une foule enthousiaste, et sans qu'une seule goutte de sang ait été versée. La tranquilité est complète. L'ordre règne partout. Les magasins, les théâtres et les cinémas sont ouverts. Toute la ville est pavoisée.

A la Chambre - Débat assez animé , à propos de la discussion de projet de représentation proportionnelle. Finalement l'article 1 est voté: "Les membres de la Chambres des députés, dit le texte, sont élus au scrutin de liste, avec représentation proportionnelle intégrale."

L'Italie attend maintenant une réponse de M. Daladier au discours du Duce. Le Président du Conseil français affirmera aujourd'hui, une fois de plus, que notre pays ne cédera jamais "ni à la violence, ni à la ruse."

Le procès Weidmann - La parole était hier, aux premiers défenseurs de Weidmann.

Radio: Alors que la Guerre d'Espagne est sur le point de finir, voici le témoignage d'André Malraux sur son engagement aux côtés des républicains il y a tout juste 2 ans. Reportage radiophonique diffusé sur la radio américaine le 20 mars 1937.

Mardi 28 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

Troisième et dernière semaine du procès Weidmann - L'Avocat général demande une deuxième tête: celle de Million. A l'occasion de la lecture d'un télégramme venant des Etats-Unis, Me Delaunay, avocat de la famille Koven, reconnaît lui-même qu'il faut renoncer à croire à la survivance de la première victime du "tueur".

Qui sera le Président de la République? Cinq parlementaires ont jusqu'ici posé leur candidature: M. F. Bouisson, M. Justin Godard, M. François Piétri, M. Henri Queuille, M. Henri Roy.

Le Conseil des Ministres a approuvé un certain nombre de nouveaux décrets concernant la Défense Nationale; a entendu un long exposé de M. Bonnet sur ses conversations diplomatiques à Londres.

Les événements d'Espagne - Le Général Franco a déclenché une seconde offensive et pour la deuxième fois en deux jours, il a brisé le front gouvernemental.

Tous les sinistrés de la région de Gnoures bloqués par la neige sont sauvés. Le triste bilan de la catastrophe de Barèges restera donc arrêté à 29 victimes.

Mode: Chapeau en "Rapal" blanc garni d'un ruban picot d'Albène rouge et vert. ROSE VALOIS.

Lundi 27 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

M. Mussolini, à dessein peut-être, a prononcé un discours équivoque. Ni ultimatum, ni menaces désobligeantes pour la France, par contre auncun mot, aucune phrase permettant d'espérer une reprise normale des relations franco-italiennes. "Les problèmes italiens à l'égard de la France ont des noms. Ils s'appellent: Tunisie, Djibouti, Canal de Suez." Que faut-il en penser?

Les événements d'Espagne - Franco attaque! Et Madrid depuis samedi manque de vivre. Les pourparlers sont rompus entre Burgos et Madrid. Le Maréchal Pétain présente ses lettres de créances.

Une nouvelle avalanche s'est abbatue sur Barèges. On ne déplore, cette fois, aucune victime, mais 40 personnes bloquées par la neige durent être évacuées par le 3ème étage des maisons. Les dégâts atteindraient 1.300.000 fr.

Dimanche 26 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

Le Général Franco aurait exigé la reddition de la zone républicaine dans les 48 heures. Selon les dépêches italiennes, la capitulation totale serait imminente. Par ailleurs, la France a décidé de rendre à l'Espagne nationale les navires gouvernementaux réfugiés à Bizerte.

Une nouvelle journée épouvantable dans le Midi. Le vent, la pluie, la neige, le froid, ont causés des dégâts considérables. A Barèges, une quinzaine de maisons ont été ensevelies.

Nouvelle bataille entre Hongrois et Slovaques. Dans la seule journée d'hier, l'aviation hongroise a abattu sept avions slovaques. Cependant, Bratislava et Budapest ont accepté d'engager des négociations qui commenceront demain.

Mode: Turban en jersey-tulle de Colcombet, vieux rose et deux tons de bleu.

Samedi 25 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

Le triomphal voyage à Londres du Président de la République. M. Albert Lebrun est rentré hier à Paris, tout pavoisé pour l'accueillir. De folles acclamations ont salué le chef de l'Etat et exprimé la sympathie de la population de la capitale pour l'Angleterre. Jusqu'à la dernière minute de son séjour en terre britannique, le Président de la République avait été ovationné par des foules enthousiastes.

Le Maréchal Pétain à Burgos. Au cours d'une simple, mais très émouvante cérémonie, le Vainqueur de Verdun a remis au Général Franco ses lettres de créance. Une foule énorme, des détachements militaires brillants, un déploiement d'égards significatifs, témoignent au nouvel Ambassadeur de France la déférence du Chef de la nouvelle Espagne.

Sous 25 mètres de neige - Deux formidables avalanches ensevelissent un village des Pyrénées. Quinze maisons sont rasées. On compte jusqu'ici 20 victimes. Toute la localité doit être évacuée. 110 hommes de troupes organisent le secours.

Les répercussions des coups de force allemands: à Berlin, on exulte... à Varsovie, on se "réserve"... à Bucarest, on affecte d'être confiant... à Bratislava, on se déclare enchanté... Tandis que partout, des populations qui redoutent la botte du vainqueur s'enfuient...

La tension franco-italienne semble décidément vouloir s'apaiser... Le Duce dans son prochain discours ne serait pas exagérément pro-germain.

Face à l'Allemagne, l'Angleterre poursuit son redressement. Le service militaire obligatoire est imminent. Et en attendant, elle renforce encore son plan de "service national", tandis que le Parlement du Canada vote à l'unanimité l'appui du Dominion si la guerre éclatait.

Musique: Une chanson de R. Asso et L. Maitrier, chantée par la jeune Edith Piaf, Elle frequentait la rue Pigalle.

Vendredi 24 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

Troisième journée à Londres de M. et Mme Albert Lebrun. Grande récéption officielle au Parlement; déjeuner à Windsor, avec la Famille Royale; visites à la National Gallery et à Downing St.; dîner au Foreign Office. Et partout dans les rues, aux carrefours et aux fenêtres, la même foule innombrable, respectueuse et vibrante, qui crie en français: "Vive le Président!" et "Vive la France!"

Le Roi d'Italie inaugure la première Chambre des Faisceaux et Corporations. Détail symptomatique: le souverain et le prince héritier sont l'objet, dans les rues de Rome, d'un accueil indescriptible de la foule, "d'une véritable manifestation d'amour et de dévotion". Dans son discours du Trône, Victor-Emmanuel ne fait qu'une courte allusion aux rapports franco-italiens: "En ce qui concerne la France, dit-il notamment, mon Gouvernement a fixé, dans la note officielle du 17 décembre dernier, quelles sont les questions qui divisaient en ce moment les deux pays."

Hitler a débarqué à Memel. Carillon de toutes les cloches de la ville, mugissement de toutes les sirènes du port, acclamations de tous ses partisans: il a reçu un accueil triomphal. Et maintenant: Dantzig!

Déclarations très catégoriques de M. Chamberlain aux Communes. L'Angleterre est résolue désormais, "par tous les moyens en son pouvoir", à résister aux menaces et aux visées ambitieuses de l'Allemagne.

Le Maréchal Pétain est à Burgos. Il présenterait sans doute ce matin ses lettres de créances au Général Franco.

Jeudi 23 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

La seconde journée à Londres de M. et Mme Albert Lebrun a été aussi brillante et aussi réconfortante que la première. Même accueil fastueux des autorités. Même enthousiasme dee la foule dans les rues. Le matin, visite à l'hopital français de Londres; le midi, grand banquet de 800 couverts donné par le Lord-Maire au Guidhall; l'après-midi, récéption et thé au County Council Hall; le soir, grand dîner de gala offert aux Souverains Anglais à l'ambassade de France.

Nouveau coup de force du Reich - La Lithuanie, à son tour, capitule et accepte de rendre Memel à l'Allemagne. Comment le Conseil des Ministres lithuanien prit connaissance des revendications du Reich. Le Directoire de Memel prend aussitôt possession de la ville. Le Chancelier Hitler va se rendre à Memel. La presse allemande exulte. Dernière heure: Les Allemands entreront ce matin dans le territoire de Klaipeda. La police est déjà arrivée depuis hier soir. Le Chancelier Hitler arrivera à Memel ce midi.

M. Daladier demande aux patrons de reprendre leurs ouvriers licenciés en septembre.

Mercredi 22 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

Londres a fait à M. et Mme. Albert Lebrun un accueil excessivement chaleureux. Salves d'artillerie... fleurs... musiques... carosses de gala et pelotons d'escorte aux portières... "Life Guards" et "Horse Guards" beaux comme des dieux sous leur cuirasse d'argent... partout des parcours et des rues splendidement décorés, toutes les troupes en grande tenue d'avant-guerre et toute la vieille noblesse d'Angleterre en culotte course et en bas de soie... C'est ainsi que Londres a réussi, hier, à faire pour le Président de la République et Mme. Albert Lebrun, ce que Paris, l'an dernier, avait si magnifiquement fait pour le roi George et la reine Elizabeth. Et, par dessus tout cela, les hourrahs immenses d'une foule vibrante, enthousiaste, écrasée contre les grilles dorées de Buckingham, et qui réclamait à tue-tête le "Président" au balcon.

Nouvel ultimatum de l'Allemagne qui donne 5 jours à la Lithuanie pour la transformation de Memel en état libre sinon...

Les événements d'Europe Centrale et leurs répercussions. Les Etats-Unis refusent de reconnaître l'annexion de la Bohême et de la Moravie. Les Anglais sont de plus en plus montés contre les Allemands. Le représentant de la Tchécoslovaquie à Varsovie refuse de rendre aux Allemands l'immeuble de la légation.

Au procès Weidmann - On entend les derniers témoins de l'affaire Leblond. Une audience monotone

Les Actualités italiennes - Le journal cinématographique de la Luce pour cette semaine:

Mardi 21 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

Très important Conseil des Ministres consacré, en partie, à la réorganisation administrative, qui décide notamment de la suppression d'une quinzaine d'offices et la limitation du recrutement des fonctionnaires.

Grande activité diplomatique à Londres où l'on envisage la constitution d'un front unique des nations pacifiques. Une collaboration plus étroite qu'elle n'a jamais été, existe, à l'heure actuelle, entre les gouvernements britannique et soviétique, en raison de la menace qui pèse sur la Roumanie. Important Conseil des Ministres à Downing Street. Rapprochement très marqué entre Londres et Moscou. Londres pavoisée attend M. et Mme. Lebrun.

Lord Halifax est entendu par la Chambre des Lords sur l'annexion de la Tchéco-Slovaquie par l'Allemagne. Quelques critiques de l'opposition à l'adresse de M. Chamberlain.

Un moment d'émotion au procès Weidmann. Si le "tueur" s'obstine à ne pas faire certains aveux qu'on lui demande, cependant avec tant d'insistance... c'est que les répercussions en seraient "tragiques" pour sa famille.

Les Actualités anglaises - Le Actualités de la British Pathé, avec un long reportage sur les 35 ans de l'Entente Cordiale en introduction en voyage de M. Lebrun, et un reportage sur les nouveaux masques à gaz pour les bébés.

Lundi 20 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

Le Sénat à son tour par 286 voix contre 17 a accordé les pleins pouvoirs au Cabinet Daladier. Le Président du Conseil, à la fin de son intervention à la Tribune, a été l'objet d'une chaude ovation de la part de la Haute-Assemblée toute entière, debout et vibrante. Belle victoire de M. Daladier au Sénat.

Washington et Moscou refusent de reconnaître le rattachement au Reich de la Tchéco-Slovaquie. L'aviation américaine doit être mise incessament sur le pied de guerre. Désormais tout commerce est pour ainsi dire supprimé entre les Etats-Unis et l'Allemagne. Au Père Lachaise, une manifestation de sympathie devant le monument aux morts tchécoslovaques. M. Hitler, "l'augmentateur du Reich", a fait une rentrée triomphale à Berlin. Le Général Gamelin demande aux Français de rester dignes d'eux-mêmes.

Dimanche 19 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

La Chambre par 321 voix contre 265 a accordé les pouvoirs spéciaux que lui demandait le Gouvernement Daladier pour accroître la force française. Séance ardente, fiévreuse, hachée de critiques déplacées et d'interruptions quelquefois regrettables mais, qui se termine, cependant, au mieux des intérêts de la Nation. M. Daladier, qui n'avait accepté, hier, aucun amendement à son projet, le présentera aujourd'hui devant le Sénat. Ce que M. Daladier demande au Parlement: des pouvoirs spéciaux jusqu'au 30 novebre 1939; renforcement des effectifs, des cadres et du matériel; accélération des fabrications et constructions de guerre; augmentation des stocks de matières premières qui seraient complétés par des achats à l'étranger; pouvoir faciliter la trésorerie des établissements travaillant pour le pays; priorité dans l'industrie privée pour les fabrications de défense nationale; augmentation de la durée de travail dans les usines de guerre; création d'une caisse pour le financement de l'outillage et de l'équipage militaire.

La France et l'Angleterre protestent officiellement à Berlin contre l'occupation de la Tchécoslovaquie dont elles ne veulent pas reconnaître la légitimité. Une manifestation touchante des Tchécoslovaques à Paris.

La Roumanie a fait l'Union Sacrée. Devant le danger qui grandit, les chefs de tous les partis ont apporté spontanément leur appui complet au gouvernement.

Les événement d'Espagne - Madrid demande la paix à Burgos!

Samedi 18 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

Débat agité à la Chambre - Les interpellations sur les réfugiés espagnols mettent aux prises députés nationaux et communistes. Pendant une suspension d'audience motivée par le "chahut" soulevé par les moscoutaires, une bagarre, réprimée presqu'aussitôt, éclate dans les couloirs. On aborde dans l'après-midi, non sans agitation, les interpellations sur la politiqque exterieure du gouvernement. Un magnifique discours de M. Daladier: "Il faut abandonner cette illusion d'une Allemagne s'arretant dans sa course."

L'occupation de la Bohême et de la Moravie - Insensibles au désespoir du peuple Tchèque anéanti, les Allemands à occuper, saisir, discourir et parader à travers l'infortuné pays. Mais déjà la haine de l'envahisseur éclate partout: des détachements tchèques se sont fait tuer plutôt que de se rendre et les Allemands ont eu des morts, et les populations furieuses, rongeant leur frein, se disposent à attendre dans un esprit combatif, l'heure de la Justice et de la Libération. L'Angleterre rappelle "pour information" son ambassadeur à Berlin.

Le procès Weidmann - Hier, au cours d'une audience tragique, le "tueur" affirme , au milieu de l'émotion générale, que c'est bien Million qui a tué M. Leblond.

Mode

Vendredi 17 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

En Europe Centrale - L'armée allemande poursuit sans incident l'occupation de la Bohême et de la Moravie. La chancelier Hitler a accepté officiellement "d'assumer la protection" de l'ancien état slovaque. On s'attend à l'entrée des troupes allemandes dans deux heures à Bratislava. De l'autre côté du pays, les Hongrois reculent! L'armée carpatho-ukrainienne contre-attaque et avance. L'Ukraine se soulève contre les envahisseurs. La Russie Carpathique indépendante demande son annexion à la Roumanie. Un millier de Tchèques se réfugient en Roumanie. La presse anglaise est indignée! L'Allemagne a souillé son nom, écrit le Daily Telegraph. Le Times dénonce les promesses violées du Führer et la mauvaise foi du Reich.

Le Maréchal Pétain a reçu à son arrivée à Hendaye un accueil très chaleureux de la population. Le Colonel Sanz Agero, commandant de la garnison d'Irun, est venu saluer l'illustre soldat à son arrivée sur la terre d'Espagne.

Le Sénat accorde l'amnistie à une certaine catégorie d'appelés militaires "retenus" en Espagne au moments des événements de septembre dernier.

Weidmann et Million ont été entendus hier sur le meurtre de Madame Keller, lâchement assassinée d'une balle dans la nuque dans la Caverne des Brigands à Fontainebleau.

Marty sur la sellette à la Chambre. MM. Philippe Henriot et Tixier-Vignancour formulent des accusations excessivement grâves sur les actes du député communiste, pendant son séjour en Espagne. M. Marty répond par des échappatoires et des arguments assez faibles. Les communistes, qui le soutiennent, profèrent des injures à l'adresse de leurs collègues et des tribunes et obligent le président, à plusieurs reprises, à les rappeler à l'ordre.

Jeudi 16 mars 1939

L'Allemagne a envahit la Tchécoslovaquie hier

Voici des extraits des émissions de Radio-Prague après cet événement. Indicatif de Radio-Prague, suivi de l'annonce par Joachim von Ribbentrop de la création du Protectorat de Bohème-Moravie à la place de la République tchécoslovaque, puis discours du Président tchécoslovaque Emil Hácha qui raconte son entrevue avec le Chancelier Hitler la veille, et enfin le speaker de RadioJournal décrit l'arrivée des troupes allemandes dans Prague, avec les bruits de bottes des soldats et les chars en fond sonore.

Mercredi 15 mars 1939

Le Petit Courrier écrit:

Les événements ont pris subitement une tournure très grave en Europe Centrale. Dans la seule journée d'hier, la Slovaquie, appuyée par le Reich, a proclamé son indépendance; les troupes hongroises ont envahi l'Ukraine Carpathique; les troupes allemandes ont franchi la frontière tchèque; Budapest a adressée un ultimatum à Prague; le Président de la République tchécoslovaque est parti en train spécial pour Berlin.

Weidmann fait une grande révélation. Le tueur et Million, son complice, à l'origine de leur association, avaient décidé d'utiliser leur villa pour y séquestrer des personnes. Ils avaient, notamment, "manqué" un riche Américain, qui se trouve actuellement à Baltimore, et auquel le Tribunal va câbler immédiatement pour lui demander certaines précisions.

L'accident de chemin de fer de Châteauroux a fait 18 morts et 30 blessés. C'est un vache echappée la nuit sur la voix qui a causé l'accident.

Une nouvelle séance, à la Chambre, consacrée aux réfugiés espagnols. M. Albert Sarraut dit pourquoi il n'a pas voulu - ni pu - fermer la frontière à 600.000 misérables fuyards qui mouraient de faim et de froid sur les routes.